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samedi 9 avril 2011

L'éthique enseigante ou l'humanité enseignante...

En tant que futur enseignant, je considère que ma crédibilité ne se joue non pas seulement entre les quatre murs de l'école mais aussi à l'extérieur de celle-ci. Je sais pertinemment que mon image d'enseignant peut facilement être influencée par mon comportement quotidien.


J'ai connu un collègue à qui il arrivait de sortir dans les bars fréquentés par leur étudiants et qui ont malheureusement développé une mauvaise réputation. J'utilise ici cet exemple parce qu'il implique beaucoup de présupposés. Je présuppose que les jeunes du secondaire n'ont pas l'âge légal pour sortir dans les bars, mais ne nous bernons pas, il est très commun d'y rencontrer des élèves de cinquième secondaire. Je présuppose aussi que dans un milieu où je ne suis pas supposé rencontrer d'élèves, je ne devrais pas sentir la pression de me tenir comme je me tiens habituellement devant eux en classe. Je présuppose aussi que j'ai une vie en dehors de l'école et que je devrais être capable de la vivre normalement, sans subir de pressions reliés à mon travail. Malgré toutes ces présuppositions de ma part,  mon collègue a toujours eu cette mauvaise réputation.

Certains diront: "Il n'a qu'à sortir dans des bars où ses élèves ne se tiennent pas!" J'ai moi-même eu cette idée par rapport à lui. Il serait facile de régler le problème par cette solution. Mais une chose m'énerve aujourd'hui: pourquoi devrait-il le faire? Les bars sont des endroits réservés aux adultes et il en est un. Les bars ont été créés pour que les gens célèbrent, dansent, draguent et profitent de la vie. Si ce collègue n'est pas un méfait public, pourquoi devrait-il changer d'endroit? Si un bar est populaire, il peut l'être tant pour les jeunes adultes que pour les "vieux". Mais un enseignant qui fréquente régulièrement les bars, c'est pas bien. Combien de commentaires ais-je déjà entendu sur "cette prof. qui sort dan'é bars tout le temps!". La preuve que, même entre nous, notre profession nous pousse à avoir des attentes sur nos collègues même en dehors de l'école.

Certains penseront que j'écris ce texte en réaction à une situation qui m'est arrivée. C'est plutôt suite à la lecture de ce texte que j'ai décidé de réagir.

Je suis le premier à regarder "de travers" un médecin ou un infirmier qui fume. Je ne cache pas qu'il m'arrive régulièrement de juger les autres. Je ne serai jamais celui qui jettera la première pierre. Mais quand des situations comme celles décrites se terminent en suspension ou en procès devant les tribunaux, je trouve toujours abberant la pression que les enseignants peuvent subir. Il y a certainement une ligne à tracer lorsqu'on parle des technologies: tous sont responsables de ce qu'ils écrivent sur Internet et un commentaire diffamatoire n'est pas tolérable. Les enseignants devraient utiliser une certaine forme de censure dans le sens qu'ils doivent comprendre comment limiter le visionnement de leur opinions. Un enseignant, qui a le droit d'émettre des commentaires, devrait se méfier de critiquer quelqu'un ou quelque chose s'il est sur une scène avec un micro ouvert. L'application Twitter reflète exactement cette image. Il est impossible de limiter le visionnement avec celle-ci. Facebook, quant à lui, est ajustable afin de filtrer la portée. Mais il y a un autre côté à la ligne. J'ai, sur mon profil Facebook, des photos que certains qualifieront de discutable. Ces photos sont protégées, seuls les gens autorisés peuvent les voir et j'assume complètement ces photos. Je connais cependant le principe premier du Web: si tu mets quelque chose sur Internet, soit prêt à ce que cette chose soit diffusée sans ton consentement. Malgré ce principe, je me demande si on pourrait me refuser une chance d'avancement ou si un parent d'élève pourrait porter une plainte quelconque si ces photos se retrouvaient diffusées.

C'est cette pression qui me dérange tant. Je parle ici de photos sur Facebook, mais il peut tout aussi bien s'agir d'une soirée bien arrosée dans un bar où se trouve le parent d'un élève. Une collègue à moi sent cette pression jusqu'à l'épicerie et je la comprend. Elle ne peut aller faire l'épicerie avec sa copine sans se demander si elle rencontrera un élève qui comprendra alors qu'elle vit avec une autre femme. À mon "party de Noël" de travail, une autre employée à décidé d'emmener sa fille à qui j'ai enseigné l'année dernière. Toute la soirée, j'ai du faire attention à mon comportement quand tout ce que je voulais, c'était de célébrer.

Il y a, selon moi, un sérieux problème avec ce qu'on demande à nos enseignants à l'extérieur des classes.

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Une petite note concernant la fin de l'article au sujet de ce professeur d'université qui s'est fait arrêter pour avoir fermé le portable d'une de ses étudiantes en plein cours. La situation est beaucoup plus courante qu'on peut le croire.

Qu'en est-il des gens qui passent leur temps à jouer au cartes pendant que le professeur donne son cours ou ceux qui textent continuellement pendant une présentation orale d'une collègue. Un manque flagrant de respect.

1 commentaire:

  1. Je n'avais pas encore lu ton billet quand j'ai abordé la question de prudence face à nos écrits ou partage de photos sur internet. La profession enseignante a toujours été une profession "surveillée" par la population et on peut en ressentir une certaine pression, comme tu le mentionnes si bien.



    Je vois que tu en es très conscient. Quand j'ai lu le texte que tu as mis en hyperlien, certains gestes des enseignants "exaspérés" m'ont un peu fait réagir.

    En tant que professionnels, on doit toujours faire attention, dans les salles de profs par exemple, à ne pas "démolir" la réputation de certains de nos élèves. On ne peut pas s'empêcher de "penser" à certains élèves qui nous font rager. Mais une mauvaise réputation va suivre un élève dans d'autres cours, où ça pourrait bien aller. La nature humaine est ainsi faite, on a de la difficulté à rester neutre quand on entend parler de quelqu'un en mal.

    Ce n'était pas fort de la part de ces enseignants d'écrire en mal ou de mettre des photos d'étudiants sur internet.

    Je voudrais te mentionner que les enseignants en français, et les autres, ont une pression beaucoup plus "subtile": ils se doivent d'être impeccables dans leurs écrits. On perd vite confiance quand un enseignant nous écrit un message, par exemple, qui contient des fautes élémentaires.

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