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mercredi 30 novembre 2011

L'intimidation

Le suicide de Marjorie Raymond, survenu lundi, m'interpelle.

Comme plusieurs, je suis triste de cet évènement. Je ne peux pas dire que je ne comprends pas son geste: se faire intimider de façon si flagrante crée un climat invivable.
  
En tant que futur enseignant, j'ai un certain réflexe de tenter de me mettre en mode solution. Il y a un problème et ce problème nécessite une solution rapide. Cependant, face à l'intimidation, je suis personnellement dépourvu de solution gagnante. J'arrive à trouver de petites choses à faire, mais elles me semblent toujours trop petites.

À l'école, une simple promenade dans les corridors entre les cours me fait constater l'ampleur de l'intimidation qui sévit. J'entends des gens taxer les enseignants de surdité face à des actes d'intimidation et je dis: effectivement. Oui, je le dis, il m'est arrivé très souvent de les entendre ces paroles blessantes lancées entre élèves.

"T'es rien qu'une maudite bitch!"
"Cris que t'es gai!"
"Ostie d'con!"
"Fuck you ortho!"

Parfois, je me revire et j'interviens. Mon intervention est, je le sens très bien, inutile. Je me sens comme une main qui tente de retenir l'eau qui coule. Ce qu'il faut, ce n'est pas une main, c'est un bol! Et si j'essaie d’entamer une vraie action, c'est en me demandant qu'elles ressources me sont disponibles.

Alors je gradue: un commentaire désobligeant dans un corridor n'est plus important (j'en entends tellement), je m'en occupe cependant si ça se passe dans ma classe. Si un élève pleure, je tente de m'en occuper, mais je dois faire attention car il y en a qui utilisent ce stratagème pour faire régler leur problèmes (ce que je dis ici est très gros et absurde, je m'en veux de l'écrire mais il m'arrive parfois de le penser.) Ça se gradue lentement dans mon esprit, des actes prennent de l'importance, d'autres en perdent. Je me trouve dégueulasse de penser    comme ça, mais je n'ai pas d'autre solution en tête. Les pauses n'ont que 15 minutes et je suis plus souvent qu'à mon tour à faire de la surveillance de corridor, malgré que je ne sois qu'un suppléant. Si vous avez des idées, merci de me les faire parvenir.

Une partie de moi ne peut s'empêcher de se dire qu'il faut également enseigner aux enfants à faire fi de l'insulte. J'ai cette stupide peur que certains enfants vont développer une intolérance à une société qui n'est pas douce avec eux. J'ai appris à me durcir face aux insultes, j'ai appris à ne pas laisser les commentaires stupides me toucher. Certes, ils me touchent toujours, mais leur blessure n'est plus si importante: ma peau s'est durcie. Cette partie de moi qui se dit qu'il faut apprendre aux enfants à ne pas dramatiser leurs réactions doute cependant d'elle-même: doit-on vraiment enseigner aux enfants à se durcir? N'encourage-t-on pas cette violence par le fait même? Si tu dois accepter les insultes, cela veut dire que c'est normal et que tu peux insulter les autres toi aussi. AAAAH!

Comment intervenir? Que doit-on faire? Sur quoi intervenir? Quelles sont les conséquences de nos interventions? De notre absence d'intervention? Si on se met à intervenir plus, est-ce que cela deviendra une chasse aux sorcières? "Monsieur, lui il m'a traité d'fif!" La solution devient un problème.

Que de questions... si peu de réponses. Si vous le désirez, aidez-moi à aider les autres en laissant un commentaire.

Merci!