Bonjour, mon nom est Pierre et je suis dépendant...
Cela fait près de deux ans que j'ai accepté mon statut de dépendant, car on dit que la partie la plus importante du combat est de reconnaître le problème. Ça fait aussi deux ans que je suis en rémission.
Ma dépendance a débuté simplement par curiosité. On m'en avait parlé au secondaire. On me disait que c'était un moyen de me faire accepter, partout sur la planète, peu importe les gens avec que j'allais rencontrer. Puis, au Cégep, j'ai vraiment commencé à être un utilisateur. J'ai rencontré des gens plus diversifiés, avec des cultures différentes, avec des idées différentes et c'est ce qui à lancé ma consommation abusive. J'ai commencé à essayer tout, à découvrir l'immense potentiel, à trouver des excuses. "Tout le monde le fait" me disais-je. Donc, dans ma tête, c'était normal.
Et je ne comprenais pas ceux qui tentaient de m'alerter. On parlait de risque, on s'insurgeait contre moi. Je trouvais bornés les gens qui s'y refusaient obstinément; n'avaient-ils pas compris qu'ils passaient à côté de quelque chose d'incroyable, qu'ils se privaient de faire des découvertes incroyables? Je trouvais alors que ces gens s'interdisaient de franchir les limites d'une perception simple et qu'ils faisaient pitié. Je ne considérais pas alors que mon utilisation était abusive et je ne voyais pas que le parasite s'incrustait lentement.
Je suis alors déménagé à Montréal et mon utilisation est alors devenu une dépendance. Le milieu dans lequel j'évoluais permettait non seulement une utilisation facile mais encourageait pernicieusement mon accoutumance et ainsi ma dépendance. Mes collègues de travail, mes nouveaux amis, tous consommaient. Il est donc normal qu'à un certain moment donné, j'ai débuté une utilisation quasi constante. Tout était un prétexte pour son utilisation: une soirée avec des amis dans un bar branché, une soirée de film avec mes colocataires, aller magasiner au centre-ville. J'étais dépendant.
Ma mère a bien tenté de m'en dissuader. À grande conversation téléphonique, elle tentait de me faire comprendre où j'en étais, le contrôle que j'avais perdu. J'ai tenté de l'écouter, j'ai fait des efforts, mais c'était déjà peine perdue. Tout dans ma vie tournait autour de ma dépendance. J'avais modifié le monde autour de moi afin qu'il reflète ce choix de vie, que je considère aujourd'hui comme malsain.
J'ai par la suite voyagé. J'ai eu la chance de découvrir le monde et, par le fait même, d'élargir l'éventail de ma consommation. J'ai essayé tout ce qui m'était possible d'essayer. Je me suis retrouvé dans des endroits incroyables à essayer des saveurs locales. C'est alors que ma vie d'avant m'est revenue en rêve. Je me suis souvenu de ce que j'étais avant tout ça.
Tranquillement, inconsciemment, je suis revenu vers mes racines. J'ai redécouvert le Pierre d'avant. J'ai pris du recul et j'ai analysé ma situation. J'ai ouvert ma pensée aux critiques, j'ai compris ce qu'on tentait de me dire depuis si longtemps. Avec mes études universitaires, j'ai décidé, un peu contre moi-même, de m'attaquer au problème. Problème de société certes, mais aussi problème encré au plus profond de mes croyances. Il est extrêmement difficile de briser des habitudes qui datent de si longtemps mais j'y travaille fort. J'ai changé mon mode de vie, j'ai modifié tout de mon environnement de travail, je m'efforce à faire des choix significatifs et parfois difficiles afin d'éviter de replonger dans cette dépendance.
C'est pourquoi aujourd'hui, je peux vous dire que oui, je suis dépendant et que je consomme toujours, mais que je me bats consciemment à tous les jours afin de faire de l'anglais une utilisation contrôlée.
Merci.
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